EXPO « Regards croisés »| Musée de la Libération, Cherbourg (50)

Ou lorsque la voix se fait entendre…

Parce-qu’elle aborde ses dernières semaines (elle fermera ses portes le 29 novembre prochain), je me devais de vous lancer un petit rappel pour aller voir l’exposition « Regard croisés. Prisonniers ici et là-bas », que présente le Musée de la Libération à Cherbourg, depuis le mois de Mai 2015.

Cela fait quelques mois maintenant que j’ai eu l’occasion de découvrir cette agréable exposition, nichée au coeur de la Montagne du Roule, rempart naturel de la ville de Cherbourg dont le potentiel est rapidement compris. Une première redoute est érigée à la fin du XVIIIe siècle pour défendre la ville ; puis le fort actuel, dont la construction fut décidée par Napoléon en 1853 et achevée en 1857, et qui sera réquisitionné au Ministère de la Marine par l’état-major local allemand durant la Deuxième Guerre mondiale, qui y fera d’importants travaux de renforcement.

Regards-Croises-2

Devenu depuis 1954 le musée historique de la ville de Cherbourg, le fort de la Montagne du Roule accueille désormais une exposition permanente sur l’histoire cherbourgeoise durant les années 1930-1950 et la vie quotidienne des cherbourgeois sous l’Occupation, la ville ayant été un enjeu stratégique pour les armées britanniques et allemandes du fait de son emplacement et de la présence de son port et de sa gare maritime.

C’est au côté de cette exposition permanente qu’a pris donc place la nouvelle exposition temporaire du Musée de la Libération pour célébrer le 70e anniversaire de la Libération de la France et de la victoire sur le nazisme. « Regards croisés » forme ainsi un dialogue fort intéressant et enrichissant avec l’histoire locale cherbourgeoise puisqu’en parallèle des documents d’archives, photographies, correspondances militaires présentés dans l’exposition permanente sont ici présentés des témoignages sonores d’anciens prisonniers de guerre et requis au STO (Service du Travail Obligatoire) cherbourgeois et allemands retenus en Normandie et en Allemagne.

Prolongeant le thème de la vie quotidienne (volet important de l’exposition permanente) et prenant vie autour d’objets et de photographies prêtés à l’occasion par les témoins eux-mêmes, ces 31 témoignages évoquent les conditions de détentions et leur vie quotidienne en captivité de ses jeunes hommes alors âgés d’une vingtaine d’années. Dans une scénographie simple mais efficace, nous faisons la connaissance de ces hommes, en découvrant, à travers une photographie, leur visage, accompagné d’une fiche biographique retraçant leur parcours.

expo Regards croisés

Ces témoins directs nous offrent à nous autres, visiteurs, un regard particulièrement éclairant sur la réalité de ces années 1930-1950 et une mémoire absolument inédite de cette époque que nous devons nous empresser de découvrir. C’est un travail remarquable qu’a réalisé l’association « Mémoires & Terroirs » en recueillant, en une trentaine d’heures, les paroles de ces hommes expliquant leur parcours singulier à cette période tout autant singulière. Il est primordial aujourd’hui que les souvenirs de ces hommes et de ces femmes ne tombent pas dans l’oubli et ne disparaissent.

Les archives orales, puisque c’est ainsi que se nomme l’enregistrement de témoignages, sont un domaine encore peu utilisé en France, qui accuse un retour d’une trentaine d’années par rapport au monde anglo-saxon. Nous sommes donc au début d’un domaine de recherche fort riche et varié, qui promet de nombreuses avancées historiques puisqu’il complète les zones d’ombres laissées par les sources écrites ; mais pour lequel nous devons faire vite, le temps faisant son oeuvre et ayant déjà emporté bon nombre de témoins…

Exposition à voir jusqu’au 29 novembre 2015

Entrée libre

NB1 : Pour ceux qui n’auraient pas la possibilité de découvrir cette très intéressante exposition, les témoignages sont également à écouter en ligne sur le site des Archives départementales de la Manche, une des structures culturelles pionnières en France sur la collecte d’archives orales et qui dispose par conséquent de fonds sonores très riches que je vous incite vivement à aller découvrir.

NB2 : Pour ceux qui souhaiteraient découvrir d’autres témoignages de jeunes cheminots et cheminotes ayant vécu et travaillé durant la Deuxième Guerre mondiale, je vous invite également à découvrir l’exposition virtuelle « Voix cheminotes. Une histoire orale des années 1930 à 1950 » réalisée par l’association Rails et histoire et qui fut la première exposition sonore présentée aux Archives nationales, au cours du 2e trimestre 2015.

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