Quand le dessin devient art…

L’une des plus importantes expositions consacrée au tatouage en France vous est proposée par le Musée du Quai Branly. « Tatoueurs, tatoués » offre un panorama historique et géographique détaillé de cet art primitif.

Avec plus de 300 œuvres réunies par deux spécialistes de la discipline, Anne et Julien, les fondateurs de la revue Hey ! consacrée à ce domaine, et Tin-tin, un des plus célèbres tatoueurs français et fondateur du « Mondial du tatouage », l’exposition « Tatoueurs, tatoués » nous offre un aperçu très détaillé de cet art ancestral de l’Antiquité à nos jours. Les cinq sections autour desquelles est organisée l’exposition (du global au marginal, un art en mouvement, la renaissance du tatouage traditionnel, de nouveaux territoires et de nouveaux ancrages) permettent un aperçu fort documenté du tatouage dans l’ensemble du monde.
Le parcours proposé au visiteur, à travers de nombreuses photographies, vidéos et objets, révèle une opposition frappante entre les zones géographiques océaniennes, orientales et africaines, pour lesquelles le tatouage révèle un statut social, religieux ou mystique encore fort présent de nos jours, surtout dans les tribus, et le monde occidental, où se teindre la peau est une marque de marginalisation puisqu’en sont marqués les esclaves de la Rome antique, et plus récemment les criminels et les prostituées. Ce n’est qu’au XIXe siècle que la signification du tatouage s’inverse en Occident, pour devenir vindicatif et identitaire. Il atteint son âge d’or au début du XXe siècle grâce aux nombreuses performances et exhibitions organisées dans les cirques et slideshows et se démocratisent alors très vite pour devenir un phénomène urbain très prisé par les jeunes générations et de nos jours, une véritable mode.


En invitant trente des plus grands tatoueurs actuels mondiaux, dont Horiyoshi III (Japon), Filip Leu (Suisse), Xed LeHead (anglais) entre autres, l’exposition nous dresse un panorama des différents styles artistiques qui composent l’art du tatouage de nos jours et va même au-delà, puisque les commissaires d’exposition ont demandé à ces trente artistes de produire de futurs tatouages et même des tatouages fantasmés que le visiteur peut admirer sur treize moulages en silicone reproduisant des parties du corps humain et dix-neuf kakemonos réalisés à l’encre, à l’acrylique, à l’aquarelle, à la mine de plomb ou encore au feutre.

Au-delà de l’aspect purement formel, c’est une histoire des techniques qui nous est également exposée, chaque tatoueur ayant peaufiné pendant des années un maniement des outils extrêmement minutieux. De l’aiguille au pistolet électrique, les accessoires du tatouage sont nombreux. Aujourd’hui encore, les peuples d’Océanie réalisent les tatouages au moyen d’outils traditionnels. Ils sont d’ailleurs considérés comme les plus authentiques, raison pour laquelle ils sont de plus en plus prisés par les Occidentaux. Du kit du tatouage présenté au côté des peaux tatouées de l’Egypte ancienne, sont aussi présentées des pièces uniques les plus actuelles, comme un pistolet magnifiquement gravé, aux plus rudimentaires : le pistolet artisanal créé dans les prisons à l’aide d’un simple crayon.

En remontant aux sources de cette pratique aujourd’hui érigée en art, l’exposition offre un éclairage nouveau sur le tatouage en abordant le geste artistique, qui ne cesse d’évoluer grâce aux nombreux échanges de savoirs et de pratiques entre tatoueurs du monde entier aboutissant à l’apparition de nouveaux styles.

Exposition à voir jusqu’au 18 octobre
Plus d’infos : http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche/tatoueurs.html
> Chronique à retrouver sur le portail « expoparis.fr » :http://expoparis.fr/chroniques/tatoueurs-tatoues.html
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