Un autre regard sur l’actualité…
Comme je vous l’ai présenté dans un post la semaine dernière, le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre a dévoilé son édition 2015 du 5 au 11 octobre dernier. Petite séance de rattrapage de cet événement protéiforme, avec un détour dans les différentes expositions proposées… dont certaines sont encore visibles jusqu’en novembre 2015 !

Pendant une semaine dans l’année, Bayeux, petite ville du Calvados qui bénéficie déjà d’un fort aura culturel avec sa célèbre tapisserie (passage obligé pour les personnes qui ne la connaîtraient pas encore !), se transforme en vitrine de l’actualité. Grand format, photos de smartphones, vidéos, bandes dessinées… investissent les bâtiments et les murs de la ville, extérieur comme intérieur.
Au cours de votre déambulation dans la ville, votre regard sera nécessairement happé par les photographies très grand format accrochées un peu partout, au croisement de ruelles ou en façades d’hôtels particuliers dont Bayeux est grandement pourvue. Signées cette année Yasin Akgul (AFP), Youssef Boudlal (Reuters), Laurence Geai, Bulent Kilic (AFP), Ayman Oghanna et Christian Werner (Laïf), ces images illustrent l’autre visage du conflit irakien depuis la prise de la ville de Mossoul, en juin 2014, par l’État islamique : la répression des populations par les forces djihadistes, obligées de fuir ou de s’exiler. Saisissant !


Dans la chapelle attenante au Musée de la Tapisserie de Bayeux, vous pourrez découvrir les photographies de Moises Saman qui nous emmènent de la Tunisie en Syrie, en passant par l’Egypte, l’Irak et le Lyban, territoires qu’il sillonna pendant quatre années pour immortaliser les transformations irréversibles du Printemps Arabe sur les villes et les populations, de l’euphorie de la révolution à la répression violente qui s’ensuivit. Poignant !

Au Radar, jeune galerie d’art actuel bayeusaine, c’est un journal intime composé à six mains qui nous ait donné à voir. C’est en Ukraine que l’on nous transporte ici, pays terrassé par la guerre, que nous parcourons d’ouest en est à travers des chroniques multi-formes (récit, bande-dessinée, photos et vidéos) qui racontent les difficultés rencontrées par le photographe Guillaume Herbaut, le dessinateur et auteur de bande-dessinée Jean-Philippe Stassen et le cameraman Vadimsky, au cours de leur périple et les témoignages d’hommes et de femmes interrogés sur les conséquences du conflit sur leur vie quotidienne. Éloquant !

Deux autres expositions étaient présentées à l’hôtel du Doyen pendant cette semaine (mais qui ne sont malheureusement plus visibles depuis la clôture du Prix le 11 octobre) : « Shoot the war » dans laquelle étaient exposées sept court-métrages (5 à 10 min) de jeunes apprentis cinéastes irakiens du Collège des Beaux-Arts de Bagdad traitant de l’instabilité de leur quotidien depuis l’ouverture du conflit armé contre l’État islamique. Cette exposition n’en est pas moins une onde positive puisque sur une proposition de Katia Jarjoura, réalisatrice libano-canadienne, elle donne à voir l’émergence d’une jeune génération de cinéastes.

La seconde exposition est certainement celle qui m’a le plus marquée. « Quand le ciel est bleu » présente le travail de Tomas van Houtryve sur l’utilisation de drones comme arme militaire. À la suite d’une attaque de drones américains au Moyen-Orient en octobre 2012, le photographe a souhaité transposer sur le territoire américain, les situations prises pour cible au Pakistan et au Yémen. Résultat, mariages, funérailles, entraînement sportifs sont considérés par le gouvernement américain comme des cibles potentielles et au total, après une étude portant de 2009 jusqu’à 2013, l’efficacité des drones atteint le très faible taux de 2% de cibles majeures atteintes. Pour dénoncer les pertes civiles inutiles causées par les drones, Tomas van Houtryve rapporte les paroles de Zubair Rehmann, 13 ans, qui perdit sa grand-mère dans l’attaque d’octobre 2012 : « Je n’aime plus quand le ciel est bleu… Je préfère quand le ciel est gris. Les drones ne volent pas quand le ciel est gris ». Sans commentaire…

Enfin, en résonance à ce qui fait l’âme de cet événement, le Prix Bayeux-Calvados a souhaité présenter durant cette semaine la fresque réalisée par 40 dessinateurs internationaux en hommage aux victimes de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, pendant les 5es Rencontres Internationale du Dessin de Presse qui se sont tenues au Mémorial de Caen du 11 au 13 septembre dernier.


Un rendez-vous à marquer d’une crois rouge dans vos agendas donc ! Pour revivre la soirée de remise des prix, c’est ici…
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