[CHRONIQUE] « Walker Evans, le père de la photographie documentaire… » | Centre Pompidou

Cette première rétrospective française est l’exposition incontournable pour tout amateur et passionné de photo. Ce photographe américain du début du XXe siècle est le père de la « photographie documentaire », courant majeur de la photographie aujourd’hui et qui influença grandement la photographie de rue.

By Anne-Laure Hérout | Publié le 28.06.17 sur le site de Barnebys

Présentée dans l’antre de la création contemporaine, le Centre Georges Pompidou, Walker Evans domine la capitale parisienne durant tout l’été, au sens propre comme au figuré. Dans la galerie 2 – située au dernier étage du bâtiment offrant une vue imprenable sur Paris – l’exposition nous invite à une immersion complète dans  l’oeuvre du photographe qui marqua d’une pierre rouge le dernier siècle. Aperçu…

L’éloge du quotidien

Walker Evans (1903-1975) marqua des générations d’artistes et de photographes par ses sujets insignifiants pour le plus grand nombre : bords de route, baraques abandonnées, vitrines de magasins, enseignes commerciales, visages d’anonymes… À travers son objectif, le quotidien, contemplé, traqué, figé apparaît dans son plus simple appareil, jamais sublimé, sans apparat, simplement brut.

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Walker Evans, « Detroit pedestrian », 1946

Avec une dizaine de séries retraçant l’ensemble de son oeuvre des années 1930 à 1970, l’exposition présente les sujets chers au photographe et des bouts de vie, ses propres collections – cartes postales, billets de banque, papiers imprimés, plaques publicitaires, objets de consommation courante – toutes issues de la vie quotidienne et de l’univers qui entoure l’artiste américain.

La naissance d’une méthode

D’abord attiré par les effets spectaculaires et les jeux de lumière que permettent un appareil photo que recherchent les modernistes classiques, Walker Evans s’en détourne rapidement, pour développer, dès les années 1930, un style neutre et frontal qu’il inaugure avec sa série sur l’architecture victorienne présentée dans le magazine Fortune.

davIl travaillera ce style propre en se transformant au gré des commandes, en photographe d’architecture, photographe de catalogues commerciaux ou encore photographe de rue en extérieur, en plein jour, dans le métro en surgissant devant ses portraits ou dissimulant son appareil dans son manteau. Chacun de ces styles demandant une technique particulière à laquelle il s’atteindra pour construire ce style que chacun lui reconnaît aujourd’hui.

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Walker Evans, salle de bain, avril 1975

Let Us Now Praise Famous Men (1941), la consécration

Ces différents articles pour le magazine Fortune lui ouvrent les portes, en 1935, de la Farm Security Administration, programme gouvernemental du New Deal créé à la suite du krach boursier de 1929 pour venir en aide aux cultivateurs les plus touchés par la crise.

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Walker Evans, Floyd Burroughs et sa fille, 1936

À l’été 1936, accompagné de l’écrivain James Agee, il part en Alabama à la rencontre de trois familles de métayers – les Burroughs, Tengle et Fiels. Durant six semaines, il partage jour et nuit le quotidien de ces trois familles dont les portraits émaciés de Floyd Burroughs et de sa femme deviendront les visages emblématiques de la Grande Dépression. Il rassemblera tous ces portraits, en 1941, dans l’ouvrage Let Us Now Praise Famous Men (Louons maintenant les grands hommes), accompagnés des textes de James Agee qui devient un classique de la littérature américaine.

 

Dans ces séries de portraits qu’il dénommera « le peuple des humbles », Walker Evans rend compte de l’extrême pauvreté qui sévit dans les campagnes américaines et reflète la misère et les détresses intérieures de ces hommes.

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Walker Evans, « The humbles », 1932

Une exposition incontournable donc, peut-être un peu convenue parfois, mais qui dresse sans phare et sans affect un portrait des Etats-Unis de la deuxième moitié du XXe siècle peu connu. Un arrêt sur image disséquant également la naissance d’un nouveau courant photographique, devenu une référence majeure aujourd’hui. Une belle leçon d’histoire !

 » Un document a une utilité, […] l’art n’en a aucune. En conséquence, l’art n’est jamais un document, bien qu’il puisse en adopter le style. » Walker Evans

Exposition à voir jusqu’au 14 août 2017
Plus d’infos : www.centrepompidou.fr
Retrouvez plus de photos sur l’article en ligne sur le blog de Barnebys

 

 

 

 

 

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2 réflexions sur “[CHRONIQUE] « Walker Evans, le père de la photographie documentaire… » | Centre Pompidou

    1. Merci à toi pour ton gentil mot. Ravie que ce billet t’inspire. Je ne peux que t’inciter à aller la voir, la force qui se dégage de ces clichés dans ce style brut, voire même minimal, est incroyable !

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