Alex Prager | Galerie des Galeries

La première exposition consacrée à la jeune étoile montante de la scène artistique américaine, Alex Prager, photographe et réalisatrice, entame sa dernière semaine à la Galerie des Galeries, au 1er étage des Galeries Lafayette (Hausmann). À découvrir d’urgence pour les retardataires !

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Vue d’exposition « Alex Prager » avec « See’s Candies, Payless, Supercuts » (1er plan) et « Shopping Plaza » (arrière-plan) | Galerie des Galeries

C’est à l’occasion de la parution de son nouveau court-métrage « La Grande Sortie » (2015) réalisé dans le cadre d’une commande de l’Opéra national de Paris, que l’on peut découvrir la première exposition personnelle en France de cette artiste de 37 ans, Alex Prager, dont les travaux sont aujourd’hui classés parmi les plus prometteurs de sa génération. Une grande reconnaissance pour cette jeune plasticienne… et un privilège pour nous, curieux et spectateurs, de pouvoir enfin admirer ses dernières œuvres.

De la mise en scène de l’image…

C’est l’une des premières impressions qui se dégagent de l’observation des photographies d’Alex Prager : leur abondante clarté ; puis, l’omniprésence de l’humain dans chacune de ses séries ainsi que l’agencement des corps, le tout révélant une extrême composition de l’image chez cette artiste à l’œil aguerri qui ne laisse rien au hasard. Travaillant quasi exclusivement en studio, l’élaboration de chacune de ses œuvres n’est pas sans rappeler celle des plus grands maîtres de la peinture, à l’image du célèbre tableau Les Ménines de Vélasquez, dont la mise en abyme par un savant jeu de miroir dévoilait le travail du peintre.

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« Glendale » et « Burbank » (2014). © Alex Prager

L’extrême composition de chaque photographie nous plonge dans une histoire à la croisée de la fiction et de la réalité. Là réside toute la force du travail d’Alex Prager. Artiste autodidacte au parcours non conformiste, elle revendique sa ville natale, Los Angeles, ville-fiction par excellence, comme la première source de son inspiration, qu’elle essaime depuis 16 ans avec un appareil photo à la main.

La (re)construction de décors (de cinéma, de rue…) et son approche de la « street photography » (l’humain occupe une place prépondérante dans chacune de ses œuvres) deviennent la marque de fabrique de cette jeune artiste au regard perçant sur notre société, parfaitement perceptible dans sa dernière série See’s Candies, payless, Supercuts 1 et 2, dans laquelle elle dévoile, à l’image de la série Crowd qui l’a révélée au grand public, la solitude de nos vies modernes en regroupant une quinzaine de personnes qui se croisent et s’ignorent.

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« Lenscrafters, Ace American Insurance » (2015) / film « La Grande Sortie » (2015). © Thibaut Voisin

L’une des dernières photographies réalisées par l’artiste, Shopping Plaza 2,  est particulièrement intéressante puisqu’elle inverse tout ce dont elle a construit dans ses œuvres précédentes. L’humain, qui jusqu’ici était le sujet central de chacun de ses tableaux, devient totalement périphérique pour laisser place à un espace central totalement vide (un sol de béton craquelé), inaugurant peut-être un nouvel axe du travail d’Alex Prager. À suivre…

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« Shopping Plaza 2 » (2015)

… à l’image de la mise en scène

Comme une sorte de préambule, les photographies d’Alex Prager laissent place au clou de l’exposition : un court-métrage d’une dizaine de minutes, « La Grande Sortie », réalisé au cours de l’année 2015 pour le programme « 3e scène » dans le cadre d’une commande de l’Opéra national de Paris.

« La grande sortie » (2015), Alex Prager, 10 minutes. Commande de la 3e Scène de l’Opéra national de Paris

Mise en scène de la danse de couple (incarnée par les deux danseurs étoiles, Émilie Cozette et Karl Paquette), Alex Prager imagine dans ce court-métrage l’évolution de ce genre en alliant la vision romantique du ballet à une approche résolument moderne. Le résultat oscille entre la dramaturgie et le loufoque, qui n’est pas sans rappeler les univers filmiques d’un Luis Buñuel ou d’un Alfred Hitchcock, qui influencèrent grandement l’artiste.

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« La Grande Sortie » (film still), 2015. Courtesy the artist and Lehmann Maupin, New York and Hong Kong. © Alex Prager

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La puissante théâtralité qui se dégage de ce film court, et que l’on retrouve dans toutes ses œuvres, alliée à l’utilisation de couleurs saturées (le maquillage de la ballerine fleurtant avec celui d’un clown) permet à Alex Prager de révéler, dans un humour grinçant, l’étrangeté de nos vies contemporaines dans la sphère privée et publique.

À la croisée du film photogénique et de la photographie cinématographique, l’oeuvre d’Alex Prager, présente aujourd’hui dans les collections permanentes des plus grands musées (Musée d’Art Moderne de New York, Whitney Museum of American Art, Musée d’Art Moderne de San Francisco, Kunthaus de Zurich, Moderna Museet de Stockholm entre autres), nous plonge dans un univers intemporel où se dévoile une empathie et un lyrisme certains, mais également une intensité émotionnelle singulière. Un plaisir pour les yeux…

 

Exposition à voir jusqu’au 23 janvier 2016

Plus d’infos : Galerie des Galeries

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